Parce qu’il a eu une carrière de joueur professionnel impressionnante, qu’il a été agent de joueurs et qu’il a été directeur sportif d’un club de Ligue 1, Alain Caveglia est un homme averti. Notre Conseiller Sportif s’est confié, pour nous en apprendre davantage sur son parcours et sur son rôle au club.
Alain, vous avez été pendant près de 8 saisons le Directeur Sportif du Stade Malherbe de Caen (en Ligue 2 et Ligue 1), quel était votre quotidien ?
Je suis arrivé à Caen en 2011 après avoir été de nombreuses années agent de joueurs.
Dès mon arrivée, j’ai commencé à m’occuper de la cellule de recrutement pour le centre de formation et pour les pros. Je m’occupais aussi de la politique du club en lien avec le Président et le coach.
Durant ces 8 saisons, il y a bien sûr eu des hauts et des bas. Nous avions une réalité économique qui nous obligeait chaque saison à tenter des paris. Cela s’est révélé gagnant avec des joueurs comme N’Golo Kanté, Damien Da Silva, Brice Sambaou ou encore Dennis Appiah. Mais comme dans tout autre club il y a aussi eu des recrutements qui n’ont pas apporté satisfaction. Au niveau professionnel, la moindre petite erreur se paie cash.
Que faites-vous depuis votre départ du Stade Malherbe de Caen ?
Tout d’abord j’ai soufflé ! Autant être actif dans le monde professionnel est un métier de passion sur le plan humain, autant le rapport au résultat est toujours complexe : quand ton équipe perd, tu broies du noir et tu es à l’envers pendant trois jours ; quand elle gagne, tu es heureux une heure. La pression est énorme.
Durant ces derniers mois, il y a eu des moments difficiles à vivre. Quand tu joues depuis trois ou quatre saisons le maintien et que les résultats ne vont pas comme tu veux, c’est compliqué. Quand tu dois changer d’entraîneur c’est également difficile. Sans parler des évènements liés aux changements de Président.
Après, j’ai redémarré la machine et j’ai récemment recommencé à être scout. Je me remets donc dans le bain en échangeant régulièrement avec plusieurs dizaines de joueurs et de clubs.
Et c’est donc comme cela que je me suis rapproché de Thierry Granturco, un vieil ami …
Comment connaissez-vous Thierry Granturco ?
Cela ne va pas nous rajeunir mais il faut remonter quasi 40 ans en arrière. J’ai rencontré Thierry à l’Olympique Lyonnais (OL).
Le contact est tout de suite passé avec Thierry. Nous sortions tous les 2 de quartiers difficiles. La bagarre, ça nous connaît. Et nous avons vécu plein de moments forts dans ce club.
Ensuite, nos chemins se sont séparés puisque j’ai signé en Ligue 2 à Gueugnon tandis que de gros changements ont été opérés à l’Olympique Lyonnais. Jean-Michel Aulas a pris les rênes du club et Raymond Domenech a été nommé entraineur de l’équipe première. Des choix ont dû être faits et Thierry a décidé de poursuivre ses études.
Malgré ce virage à 360°, nous n’avons jamais cessé d’être en contact.
Il faut être clair, les personnes de confiance dans le monde du football professionnel se comptent sur les doigts de la main. Mais Thierry est un véritable ami en qui j’ai une totale confiance.
Comment s’est passée ton arrivée à l’ASVH ?
Cela s’est réglé en 5 minutes (rires) !
Au mois de mai, alors que le club était assuré de monter en Régional 2, Thierry (Granturco) m’a appelé en me disant qu’il aimerait que je prenne un poste de Conseiller Sportif afin que je fasse bénéficier le club de mon expérience du monde du football. Il m’a expliqué en quelques mots l’histoire du club et son projet. Et cela s’est finalisé autour d’un déjeuner sur la Côte.
Un club qui part de 2eme Division de District et qui joue la montée en Régional 1 trois saisons après, il y en a peu. C’est pour cela qu’il faut multiplier les compétences et les expériences pour être sûrs de ne rien laisser au hasard.
Mais pour être clair, je ne suis pas venu pour piquer le poste de quelqu’un en place (rires).
Car je viens du monde pro, j’y reste et j’y resterai. A l’ASVH, je donnerai un coup de main chaque fois que de besoin, en fonction de mes disponibilités.
Dans un tel projet, il ne faut pas avoir peur de s’entourer de personnes compétentes. Et la Direction de l’ASVH l’a bien compris. Bien souvent, dans les clubs, ceux qui les dirigent ont peur de la compétence car peur que l’on vienne leur piquer leur place. On trouve plein de clubs ou des dirigeants qui se disent bénévoles finissent par prendre leurs clubs en otage. Ils préfèrent voir leur club stagner avec eux que grandir avec d’autres.
Ici, c’est tout l’inverse, l’ASVH fait rentrer de la compétence à tous les étages du club. Cela crée une certaine émulation et instaure un climat très propice pour faire avancer le projet.
Le fait que Thierry Granturco se présente à la mairie de Villers-sur-Mer ne t’inquiète pas pour le devenir du projet de l’ASVH ?
Absolument pas. Le projet n’est en aucun cas remis en cause. Le début de saison l’atteste si besoin était.
Mais il y a également une chose que vous devez savoir : Thierry sait s’entourer. Il le fait au niveau professionnel dans son cabinet d’avocats et dans sa société d’investissement. Il le fait dans sa liste municipale où j’ai vu qu’il n’a fait aucun compromis. Il le fait à l’ASVH.
Les bases qui ont été posées ces trois dernières années sont saines et solides. Le fonctionnement du club est rôdé.
Et puis Victor (Granturco) est devenu Secrétaire Général du club. Je le connais depuis qu’il est tout petit. Il venait me voir jouer au HAC avec Thierry alors qu’il était haut comme 3 pommes. Plus il grandit, plus il ressemble à son père. Donc de ce côté-là, cela me va (rires).
Comment allez-vous accompagner le développement du club ?
Tout d’abord, je suis dans une première phase de prise de température et d’observation. Car je bosse sur la Ligue 1 et l’ASVH est en Régional 2. Vous vous doutez bien que ce n’est pas le même monde.
Ceci étant dit, ce que j’ai pu voir jusqu’ici est très encourageant. Le club a déjà le fonctionnement d’un club de niveau national.
Ce qu’il y a d’intéressant à l’ASVH, c’est la rigueur et le professionnalisme. Ici, tout est planifié dans le temps. C’est un projet à multiples facettes : sportive, administrative, financière et structurelle …
La deuxième phase sera la mise à disposition de mon réseau. En concertation avec le coach je pourrai le moment venu mettre le club en relation avec de nombreux joueurs de niveau National.
Toutefois, mon apport au club ne se limite pas au domaine sportif puisque j’ai également intégré le Comité Exécutif (Comex).
Quelles sont les prochaines étapes à franchir pour le club ?
Au niveau des équipes seniors, il y a un double objectif à réaliser : faire monter à terme l’équipe première au niveau National et l’équipe réserve au niveau Régional.
Les faire monter mais surtout les pérenniser à ces niveaux. Car des clubs qui montent en National 3 avec 2-3 bons joueurs, 4-5 vieux briscards et un coach qui fait trembler les murs des vestiaires, on en a vu pas mal. Mais l’issue est toujours la même: ils retombent irrémédiablement au niveau Régional.
Car devenir un club de niveau National, cela dépasse le simple rectangle vert et les matches du week-end. Il faut que toute la structure club hausse son niveau de compétence et d’exigence. Et c’est sur ce sujet que je vais intervenir.
En parallèle de cela, le club doit continuer à développer la formation et surtout l’accompagnement scolaire pour arriver avec les bases d’un petit centre de formation d’ici quelques années.
Je m’y attèlerai avec la direction du club.