Evoluant actuellement en Régional 2, l’AS Villers Houlgate aspire à rejoindre à moyen terme un championnat de niveau national. Pour répondre à ce désir d’ascension, le club met actuellement en place une politique de développement basée sur un pilier sportif, économique et sociétal. Lors d’un entretien accordé à Ecofoot.fr, Victor Granturco, Secrétaire Général de l’ASVH, détaille les projets actuellement portés par le club normand.
Quels sont les objectifs sportifs que doit remplir l’ASVH à moyen terme ? Le club ambitionne-t-il à terme d’évoluer dans un championnat de niveau national ?
Oui clairement. A moyen terme, nous voulons devenir un club pérenne de niveau national. Nous voulons y accéder puis nous y maintenir,.
Dans l’ordre des choses, nous souhaitons accéder à la Régional 1 le plus rapidement possible, mais cela ne sera pas un aboutissement. Depuis 3 ans, nous voyons lors des matches de Coupe ou lors de confrontations amicales, que nous sommes capables de faire de belles choses face à des équipes hiérarchiquement supérieures.
Et nous nous structurons pour. Au-delà du fait que la totalité de notre effectif a déjà évolué en National 3, nous souhaitons toujours apporter plus de compétences et de qualités au sein du club.
Ainsi, nous avons étoffé notre staff avec l’arrivée de Benjamin Morel, un ancien joueur professionnel passé par Amiens, Clermont et Caen. Et il y a quelques jours, nous avons fait signer Ismaïla N’Diaye, ancien joueur professionnel du Stade Malherbe de Caen passé également par la D1 Belge (Cercle de Bruges et Courtrai). Nos choix penchent clairement vers des personnes qui viennent du « monde du dessus ».
Cela ne s’arrête pas là puisque nous pouvons également compter sur les conseils avisés d’Alain Caveglia, ancien footballeur professionnel et ancien Directeur Sportif du Stade Malherbe de Caen pendant près de 10 ans, qui nous a rejoint comme Conseiller Sportif. Bénéficier de son expérience, de son réseau et de ses compétences est un vrai plus.
Car aimer le foot ne suffit pas. Il faut le connaître, le maitriser, avoir du vécu. Donc pièce par pièce, nous assemblons le puzzle qui devrait faire de l’ASVH un club de niveau national.
Pour autant, il faut aussi savoir prendre du recul et se dire qu’il y a 4 ans, nous évoluions en Départemental 2. Donc tout est à construire, que ce soit chez les jeunes, les féminines, les seniors, dans les bureaux, sur le terrain. L’équipe première doit tirer le reste du club vers le haut. Et cela passe effectivement par une accession au niveau national. Mais nous ne devons pas être obnubilés par cela. Il vaut mieux bien construire, que vite construire.
Quels sont les grands piliers de la stratégie de développement du club ? Comment comptez-vous satisfaire vos ambitions sportives ?
Avoir des ambitions quand nous sommes un club amateur normand ce n’est pas une évidence. Si nous prenons l’exemple de l’ancienne Basse-Normandie, il y a de nombreux clubs qui performent en N3 et puis il y a le Stade Malherbe de Caen qui fait l’ascenseur entre la Ligue 1 et la Ligue 2.
Aucun club n’est jusqu’ici parvenu à crever ce plafond de verre de la N3. Même si l’AG Caen a vocation à pouvoir le faire à court terme. Puis si on réduit le rayon géographique, en se concentrant sur notre territoire, nous sommes très proches de Deauville et Dives-Cabourg.
Depuis que nous sommes partis de D2 en 2017, ces deux clubs montent et descendent de R1 en N3. Donc si nous voulons nous développer et être ambitieux, il va falloir faire différemment que nos voisins. Car si cela ne marche pas pour eux, pourquoi cela marcherait chez nous ?
Tout d’abord, une solution très simple consisterait à fusionner avec l’un de nos clubs voisins. Sur papier c’est facile. Dans la réalité nous avons passé 3 saisons à discuter avec Deauville et Dives-Cabourg et cela a toujours échoué. Nous avons suffisamment perdu de temps comme cela.
« A moyen terme, nous allons nous pencher très sérieusement sur le passage du club sous la forme d’une SASP »
Donc nous continuons notre bonhomme de chemin. Du point de vue de la gouvernance, nous avons constitué un Comité Exécutif composé de dirigeants d’entreprises qui apportent leurs connaissances du territoire, leurs réseaux et leurs idées pour développer le club.
A moyen terme, nous allons nous pencher très sérieusement sur le passage du club sous la forme d’une SASP afin d’accélérer l’investissement et le développement du club. Et pour cela, passer sous forme de société commerciale sera sûrement nécessaire.
Par ailleurs, nous avons également créé un Club Affaires, dénommé « Club Affaires 14 » qui regroupe des patrons d’entreprises autour de la thématique du football. Le dernier évènement en date avait vu Hervé Mathoux venir à Villers-sur-Mer en invité. Le Club 14 est pour l’instant en berne à cause de la crise sanitaire, mais il est dans les starting blocks pour repartir de l’avant dès que possible.
En ce qui concerne la formation, nous avons lancé il y a deux ans une « École des devoirs », qui est un système qui nous permet de récupérer nos licencié(e)s à la sortie de leur établissement scolaire à la fin des cours, de les véhiculer jusqu’à un lieu prédéfini pour la réalisation de leurs devoirs. Une fois les devoirs finis sous la supervision de professeurs des écoles, ils sont à nouveau véhiculés jusqu’aux terrains d’entrainements. A terme, cette école des devoirs a vocation à évoluer pour s’approcher de plus en plus d’un mini centre de formation.
Nous avançons également sur la rénovation de nos stades. A cet effet, le stade de Villers-sur-Mer a subi des travaux assez conséquents durant l’été 2019 afin d’être mis aux normes pour la N3. Différents dossiers sont également en train d’être constitués pour d’autres travaux.
Car encore une fois, pousser pour monter à toute vitesse notre équipe A sans que cela suive derrière, nous mènera à la création d’un club artificiel qui sera voué à l’échec.
Gouvernance constituée de dirigeants d’entreprises, réflexion sur la création d’une SASP, Club Affaires, mini-centre de formation à l’étude et rénovation de nos infrastructures. Nous avons donc du pain sur la planche. Mais c’est également tout ce qui fait le charme de ce projet. Il y a tout à construire.
La crise sanitaire a affecté le budget de nombreux clubs amateurs pour cette saison 2020-21 en raison d’une chute des revenus issus des partenariats et de la billetterie. Quelle est la situation du côté de l’ASVH ? Le club est-il parvenu à stabiliser son budget ? Les partenaires ont-ils maintenu leurs engagements auprès du club ?
La crise sanitaire impacte tous les clubs français. De notre côté, nous ne pensons pas rencontrer de difficultés particulières. Pour autant, nous avons dû nous adapter. Certaines dépenses jugées « non-essentielles » ont été reportées dans le temps ou simplement supprimées par sécurité. Après nous sommes un club amateur, nous ne dépendons donc pas de revenus issus des droits télés ou de billetterie. Cela a permis de limiter la casse.
« Nos revenus de sponsoring sont relativement stables »
Pour ce qui est du sponsoring, il faut savoir que nous sommes situés en Normandie, sur la Côte Fleurie qui est une zone très touristique à 2h30 de Paris. Après le déconfinement, notre territoire a connu un afflux inédit de touristes. Donc une très grande partie de nos partenaires tels que les grandes surfaces, les restaurants ou encore les hôtels ont fait une saison estivale hors normes. Ce qui a fait que la majorité d’entre eux n’ont pas éprouvé de difficultés à renouveler leur soutien au club. Nous pouvons même compter sur le soutien de plusieurs nouveaux partenaires. Nos revenus de sponsoring sont donc relativement stables.
Au-delà de ça, nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur 3-4 « gros » partenaires qui ont les reins solides et qui, au plus fort de la crise, nous ont assuré que leur soutien ne serait pas remis en cause.
De nombreuses organisations sportives ont cherché ces dernières saisons à densifier leur politique RSE, notamment pour satisfaire des objectifs d’ancrage territorial et fédérer des communautés. Cherchez-vous également à structurer une démarche sociale et citoyenne du côté de l’ASVH ?
Oui effectivement. A l’ASVH, les démarches sociales et citoyennes ont une place importante. Je parlais de l’école des devoirs, qui est une aide précieuse pour nos jeunes licenciés, je pourrais rajouter qu’elle est entièrement gratuite. Nous offrons donc la possibilité à nos jeunes de bénéficier de ramassage scolaire, d’aides aux devoirs avec des professeurs des écoles, et cela sans frais pour les parents. Mais nous ne nous arrêtons pas là.
« A l’ASVH, les démarches sociales et citoyennes ont une place importante »
Nous avons adhéré à la plateforme de l’UEFA Football Against Racism in Europe « FARE » afin de montrer l’exemple sur le territoire en insistant au travers de différents évènements à destination de nos jeunes, de nos seniors et de nos supporters sur le fait que le racisme n’a pas sa place dans le football.
Pour ce qui est de l’égalité hommes-femmes, nous déployons également de gros efforts. Ainsi nos licenciées de la section féminine sont traitées exactement de la même manière que leurs homologues masculins avec un Conseil d’Administration et un organigramme dédiés, un budget et de vraies ambitions.
En plus de cela, nous avons adhéré à la campagne #HeForShe lancée par les Nations Unies. L’ASVH est également membre de la « Plateforme pour la promotion des femmes dans le sport » du Comité International Olympique (CIO).
Pour tous nos efforts déployés en faveur de la promotion de l’égalité hommes-femmes, nous avons le plaisir de compter sur la présence de Madame la Ministre Nicole AMELINE, à nos côtés. Elle a même récemment accepté de devenir la Présidente d’Honneur de notre section féminine.
Donc oui, nous ne comptons pas nos efforts pour que chaque licencié(e) se sente bien au club et pour intégrer le club dans la Cité.
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